Eugène VILLON

(La Haye- Pays Bas) 1879 ; Caluire 1951)   Bruges sous la pluie, 1935, aquarelle sur papier vergé, 80 x65 cm, signée et datée en bas à droite. Don à l’AMRA 1993.

La pluie vient de cesser sur la « Venise du Nord ». Les passants rasent les murs, s’abritant sous leur parapluie et pressent le pas. Dans son interprétation, Eugène Villon possède l’art de la véracité : il restitue la pâle clarté et l’atmosphère humide de la ville. Tout semble détrempé par l’ondée qui noie les détails de l’architecture.

 

Deux diagonales suivant les façades en enfilade, conduisent l’œil du spectateur :
la grande perspective nous mène jusqu’au beffroi octogonal néogothique qui surgit et domine l’ensemble (83 mètressurplombent les Halles surla Grand-place !). Quelques touches de rouges sur les toits de la partie droite font écho à la façade de briques si caractéristique des architectures flamandes médiévales, avec ses fenêtres en arc d’ogive, sa façade écran et son toit « à pignon et à pas de moineaux ». Ici, l’artiste emploie des rehauts de gouache (vert, bleu, rouge) qui animent la surface et montent le ton ; peu de place est laissée à la réserve du papier. Par la présence symbolique du beffroi, qui occupe la position centrale de l’œuvre, cette vue est un hommage rendu à la splendeur de Bruges, qui fut une des premières villes marchandes d’Europe au Moyen-âge. Eugène Villon a fait de l’aquarelle son médium de prédilection. Sa technique le place au premier plan des aquarellistes de la première moitié du XXe siècle à Lyon. Il fonde avec Antoine Barbier la Société des aquarellistes lyonnais en 1934. L’aquarelle est une technique qui nécessite dextérité, car il n’est pas possible de reprendre l’œuvre en cas d’erreur ou d’accident, et rapidité, car la couleur diluée sèche vite. D’ordinaire employée par les peintres en extérieur, « sur le motif », l’aquarelle se cantonne à un format plus modeste.

Ici, les dimensions, importantes pour le genre, laissent supposer qu’elle a été réalisée, sinon entièrement, du moins en partie, dans l’atelier.

Cette œuvre a été présentée lors de la rétrospective consacrée au peintre à la Maison Ravier du 5 avril au 7 juin 1998.