Exposition GUIGUET
27 juin – 24 octobre 2010
François Guiguet est né à Corbelin, en Isère, le 8 janvier 1860. Il est le 5 e d’une famille de 12 enfants. Son père menuisier lui apprend le métier auquel il le destine. Sa vocation artistique s’affirme très tôt et son goût pour le dessin révèle de véritables aptitudes.
En 1876, le docteur Gauthier, médecin de la famille, surpris par la qualité de ses dessins, conseille alors à ses parents de demander l’avis du peintre Auguste Ravier (1814-1895). Le maître de Morestel reconnaît aussitôt dans ses oeuvres un talent sûr, et outre les conseils qu’il lui offre, le recommande en 1879 auprès de Michel Dumas (1812-1885), ancien élève d’Ingres, directeur l’École des Beaux-Arts de Lyon.
Ainsi un an après, François Guiguet reçoit une médaille d’or (ex-aequo) pour le dessin de la figure puis en 1882, le Prix de Paris avec l’attribution d’une bourse d’études pour achever ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris. Il entre alors dans l’atelier d’Alexandre Cabanel (1823-1889). Dès son arrivée à Paris, il se lie d’amitié avec Puvis de Chavannes, Edgar Degas mais aussi Luigi Chialiva avec lequel il redécouvre les techniques anciennes notamment celle du « dégraissé ».
Au sortir de l’Ecole, François Guiguet se consacre entièrement au portrait et la critique d’art se fait l’écho de ce peintre intimiste. Tous les sujets l’intéressent : les femmes dans leur occupation quotidienne, les artisans au travail ou les concerts de musique. Les portraits d’enfants retiennent l’attention par l’expressivité de leur regard : à Corbelin, dans la maison natale à laquelle il reste très attaché, ses neveux et nièces dont Marie et Angèle figurent parmi ses modèles préférés.
De retour à Lyon entre 1914 et 1918, il répond à de nombreuses commandes de la bourgeoisie lyonnaise : il peint à domicile et de nombreuses séances sont nécessaires. Le dessin a toujours été sa préoccupation, il précède le travail à l’huile. De nombreux dessins tracés aux 2 ou 3 crayons de hachures régulières à la manière d’un graveur, où le modelé délicat et la carnation douce obtenus restent inimitables, doivent être considérés comme de véritables oeuvres abouties.
Portraitiste recherché, il tient une place à part dans l’Ecole lyonnaise et dauphinoise dans sa volonté à ne réaliser que des portraits quand tant d’autres ne s’intéressent qu’au paysage ou empruntent la voie ouverte par les avant-gardistes.
Tout l’art de Guiguet est d’avoir su regarder l’âme de ses modèles et transcrire une vérité psychologique, tout en leur conférant naturel et sensibilité.
Cette exposition réalisée à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de la naissance du peintre retracera, grâce aux dessins et aux huiles, son parcours : depuis sa rencontre avec Ravier, les scènes croquées de la place Ravignan à Paris, en évoquant Juliette (Dubois) sa fiancée, aux femmes et aux hommes à leur travail à Corbelin, aux scènes intimistes. Egalement, une grande place sera laissée aux portraits d’enfants, aux jeux, quelques portraits de commande feront écho aux portraits de famille.
« Guiguet est le peintre de la scène intime. Comme Chardin, il possède le don d’extraire une œuvre attachante des menus faits de la vie quotidienne, de conter des actes banals en délectables proses d’art ; et avec autant de puissance que l’auteur de la Mère laborieuse, il évoque « l’en-dedans » des êtres et ce que R.W.Emerson appelait « l’esprit des choses ».
Alphonse Germain, 1901 ( La Plume).